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2 ans plus tard

Quand Xavier commente Charpentier

Il y a deux ans, Xavier Charpentier publiait ici-même : Comment peut-on encore faire de la prospective ?

Nous lui avons récemment demandé de relire ses propos.

Question : Après deux ans d’une crise sociétale qui perdure, et la récente montée en puissance des AI, quelle vision portes-tu sur tes propos de 2021 ?

Xavier Charpentier : Bien sûr, la crise sociale que nous traversons et la montée de l’IA changent des choses par rapport à ce que nous partagions il y a maintenant deux ans… mais sur le fondamental, elles viennent à mon sens plutôt approfondir et enrichir les questions qui se posaient à l’époque, que les obsolétiser.

Susciter les réactions, les réponses qui vont nous permettre de mieux comprendre nos contemporains, d’entendre mieux encore ce qu’ils ont à nous dire, et donc organiser l’interaction qui va nous permettre d’engager mieux encore les gens, est encore plus stratégique qu’il y a deux ans.

Pour mieux anticiper, sans prétendre lire dans le marc de café, ce qui peut – et non va – se passer, parce que les décisions qui sont prises par les institutions ou les marques vont venir s’insérer dans et donc interagir avec une réalité humaine, une situation concrète et un éthos spécifique. Et raconter des choses qui ne sont pas forcément prévues ou voulues, à ceux qui en sont les destinataires.

Savoir parler le langage des humains, tels qu’ils sont, en prenant en compte leur histoire et aussi leur irrationalité – ou la rationalité qui leur est propre, qui n’est pas nécessairement la rationalité économique ou technique… – est plus complexe et plus nécessaire que jamais. L’IA peut-elle appréhender ce que Philippe d’Iribarne appelle par exemple « la logique de l’honneur », cet ensemble de valeurs incarnées qui va rendre acceptable, ou non, une demande ou une transformation, pour un salarié ou un citoyen français ? La réponse ne me semble pas évidente.