Ulysse Gatard
Après un master en Marketing à Toulouse, Ulysse rejoint Ipsos en 2015, où il travaille dans les études quantitatives pendant 3 ans, avant de rejoindre l’équipe Social Intelligence & Analytics.
Il a également animé des cours sur la gamification et sur le social listening à l’IAE de Grenoble.
Analytics & Insights : La crise sanitaire a profondément secoué le monde des études marketing et de la connaissance consommateurs : pour toi, s’agit-il plus d’une rupture ou d’une accélération de tendances déjà existantes ?
Ulysse Gatard : Cette crise représente une rupture dans notre façon de travailler. Tout se fait à distance. Ça nous rappelle que le contact humain au quotidien est essentiel et que les échanges informels permettent souvent autant, voire plus, qu’un rapport Powerpoint présenté via Zoom. C’est vrai pour beaucoup de métier, mais je pense que c’est particulièrement le cas pour le nôtre. Je suis « digital native », mais je pense que le 100% distanciel a atteint ses limites !
Analytics & Insights : Face à l’accélération actuelle, il faut faire preuve de souplesse, d’agilité …
Ulysse Gatard : De la souplesse, c’est peu dire ! Dans mon équipe, on expérimente beaucoup de chose en effet pour tenir la distance dans cette crise, et cela implique évidemment de beaucoup échouer.
Mais on fait aussi des choses sympa ! Par exemple, avec le Covid, on a mis en place une nouvelle façon de travailler, véritablement agile, dans le sens IT du terme (faire des itérations régulières sur des produits, en s’adaptant aux clients). Je fais du social listening, donc on commence souvent nos projets avec des sets de données ultra large, on a des millions de conversations conso sur les réseaux sociaux. On utilise des algorithmes dits « Bottom-up » pour faire remonter les informations clés des données. On en parle avec nos clients, et on décide ce qui vaut le coup de creuser. Parfois, ça ne donne rien et le projet s’arrête là. Et parfois on tombe sur un filon, et on creuse pendant des mois ! Ça permet aussi de faire des projets avec un prix d’entrée moins cher et avec un ROI plus garanti : si on ne trouve rien d’intéressant au début, on s’arrête et donc on n’a pas dépensé de l’énergie et de l’argent pour rien. Je pense qu’en cette période de restriction budgétaire ce n’est pas inutile !
Analytics & Insights : Prospective, data, AI, neurosciences, communautés, etc. : dans quelles directions va se développer la recherche dans les mois qui viennent ?
Ulysse Gatard : Je dirais que les grands gagnants de la crise, ce sont les communautés. De nombreux frileux du métier ont été forcés de passer par là pendant le confinement et ont découvert que ça pouvait fonctionner, que ça avait des avantages non négligeables : c’est rapide, on peut faire du Quanti et du Quali en même temps pourvu qu’on ait un échantillon suffisant, ça permet de travailler avec des cibles ultra confidentielles éparpillées partout …
Analytics & Insights : De nouveaux acteurs issus du monde des technologies sont apparus dans le champ de la connaissance consommateurs ces dernières années : comment se situent les acteurs plus traditionnels dans ce nouveau paysage ?
Ulysse Gatard : Je pense que dans les études, les nouvelles méthodes ne supplantent pas les méthodes existantes, mais viennent s’y ajouter. En 2021, on fait encore des enquêtes par téléphone et en face à face, car ces méthodes sont imbattables en termes de qualité et de représentativité. Chaque méthode a ses forces et ses faiblesses. En ce sens, il ne faut pas forcément opposer « acteurs traditionnels » et « nouvelles méthodes ». A Ipsos, notre taille fait qu’on peut se diversifier et proposer de tout. Je ne vais pas sortir le catalogue, mais on a par exemple du face à face pour la robustesse, qu’on utilise sur l’étude Epicov avec l’Inserm pour comprendre comment le Covid circule, sur un « échantillon » de 135 000 personnes. Et en même temps on a aussi des solutions en « Do It Yourself » comme Ipsos Digital, qui permet de faire une étude ad-hoc en quelques heures pour presque rien.